1929-1989).- Poète, dramaturge et romancier. Naquit à la Casbah de Constantine au sein d'une famille de lettrés originaire de la région de Sédrata. Son père, « oukil judiciaire » (avocat indigène), est homme de double culture et sa mère l'initie à la poésie. En 1936, il entre à l'école française après avoir été à l'école coranique. Mutations du père, nombreux déplacements. En 3ème au lycée de Sétif, le 8 mai 1945, il participe aux manifestations. L'expérience est déterminante. Sa mère le croyant fusillé, devient folle et sera internée de longues années. Quand il est renvoyé du collège, il n'a que 15 ans. Ses premiers poèmes datent de 1946 et décident de sa vocation. La situation le fera militant.
En 1946, il publie à Annaba son premier recueil de poèmes, « Soliloques » suivi de « Nedjma et le couteau ». De 1948 à 1950, journaliste à Alger-Républicain où il publiera de nombreux articles. En 1950, son père meurt. Il emmène à Alger sa mère et ses sœurs et décide de partir en France à la recherche de petits boulots. Il revient à Alger où après une période de chômage, il est docker quelque temps. A partir de 1952, nouveau départ en France où après avoir fait plusieurs métiers, il rencontre Brecht (1954), apprend le métier du théâtre avec Jean-Marie Serreau qui l'avait découvert à la lecture du « Cadavre encerclé » paru dans la revue Esprit (1955). Séjours en Italie, en Belgique, en Suède, en Yougoslavie, à Tunis (en 1958 et en 1960-61), en Allemagne et en Egypte (1962). Kateb rentre en Algérie, peu après la fête de l'indépendance, en juillet 1962 pour repartir à Paris, en novembre, pour la mise en scène de « La femme sauvage ». Voyages et déplacements entre la France, l'Algérie et l'URSS. Le retour au pays (à partir d'avril 1971) est un tournant dans sa vie et son oeuvre. Rêvant d'un théâtre de combat, il écrit désormais en arabe dialectal pour "être compris par ses frères". Sa troupe Le théâtre de la mer se transforme en "Action culturelle des travailleurs" sous l'égide du ministère du Travail. En avril 1978, il est nommé directeur du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès et en mars-avril 1980, il revient s'installer à Alger. En janvier 1987, il a reçu le grand prix national des lettres, décerné par le ministère français de la Culture. En 1988, dans le cadre du Bicentenaire de la révolution de 1789, il a monté en France (à Avignon) une pièce sur Robespierre intitulée « Le bourgeois sans-culotte ou le Spectre du parc Monceau ». Il meurt le 28 octobre 1989, à Grenoble, d'une leucémie.
De l'écriture éclatée du « Polygone étoilé » (1966), aux déclarations du « Poète comme un boxeur » (1994), une même fureur passionnelle, une même douleur vécue dans l'errance et soutenue par l'éblouissement de la création. Poète et dramaturge, Kateb Yacine témoigne, à travers une oeuvre peu abondante mais assez dense, de cette absolue volonté de demeurer ce qu'il a toujours voulu être : au sein de la perturbation un éternel perturbateur.
(c) mohamed chelhab
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Modifié en dernier lieu le
10.12.2007
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